À coups de points, la ponctuation comme expérience (2013) de Peter Szendy l’assura dans son principe, en particulier les pages sur Hegel que cite Szendy, celles consacrées à la « certitude sensible », au début de La Phénoménologie de l’esprit. Il n’y a pas d’ici, de maintenant en soi ; l’ici, le maintenant que je saisis dans l’instant s’annule, s’évanouit aussitôt dans mon œil, ma conscience. L’arbre que je vois est une pluralité d’arbres, presque au sens cinématographique. 1 image + 1 image + 1 image, etc. L’ici, maintenant, que je vois n’existe dans mon œil, ma conscience, que par les autres ici, maintenant, que je vois. Il s’agit d’une succession, d’une répétition différente du même. Une phénoménologie de la combinaison. Un point ne vaut que par un autre point. Il y a une narrativité du point. La vérité que je dis maintenant, écrit Hegel, par exemple, « maintenant, c’est la nuit », le lendemain, à midi, se sera éventée. Rien ne se fixe. On ne fixe que des vertiges. L’instant est toujours déjà passé, à recommencer. Tout bouge. Telle est l’expérience de la ponctuation de Marie Lepetit. Son abstraction est une figuration de la matière, du mouvement perpétuel de la matière, microscopique ou macroscopique. Jean-Pierre Ferrini