
Né au Portugal en 1973, João Vilhena vit et travaille à Paris. Diplômé de la Villa Arson, il dessine et peint selon une pratique néo-conceptuelle. Il a participé à de nombreuses expositions personnelles et collectives, dont Drawing Now à plusieurs reprises, Artissima Art Fair, la Villa Arson.
"Le champ scopique est comme distendu, leurré. Pour João Vilhena, c’est un moyen d’ « obliger le regardeur à faire un pas chassé, l’obligeant à un travail du regard, au-delà de l’acceptation passive», explique-t-il. Souvent, ce sont de très légers jeux visuels, nous rappelant ce qu’écrit Lacan à propos de l’anamorphose, ce « jeu délicieux, […] procédé qui fait apparaître à volonté toute chose dans un étirement particulier ». Il y a bien une certaine jouissance dans cette subtile mise à distance, un plaisir de la dissemblance que l’artiste théorise comme le paradigme essentiel de sa démarche : « toujours parvenir à saisir le différentiel entre le réel et sa représentation ; et pour cela, la ressemblance n’est pas suffisante : le trompe l’œil est précisément ce qui pointe le dissemblant et le rend fascinant ».
De plus, ce travail du regard est aussi un travail de langage. Les titres et différents prête-noms qui servent à l’artiste de signature sont une manière de poursuivre le trompe l’œil par d’autres moyens. Par exemple, en écho à Georges Pérec notamment, l’artiste est très attaché aux contrepèteries, anagrammes et autres jeux d’esprit comme outil de redoublement du trompe l’œil : un dessin sera signé par un certain « Karol Dupont » pendant qu’un autre sera l’œuvre de « G. Duluc ». Comprenne qui veut, mais il ne faut pas aller très loin…" Léa Bismuth dans la rubrique Introducing, Artpress 404, sept 2014